Apparences {Alex (PV)

Epoque : Novembre 2002, Temps modifié
Lieu : Hotel particulier d'un mangemort reconnu - Londres Moldu
Jour : Jeudi 4
Heure : 22h00
Temps : Il fait nuit, la lune et les nuages sont absents. Il fait froid dehors. Quelques flocons de neige parsèment le ciel
Participants : Delesia Wagner et Alex Livelihood
Intervention du narrateur : Refusée
Statut du Sujet : Privé

Elle avait toujours eu une sainte horreur de ce genre de réceptions. Petite, elle entendait ses parents se plaindre par avance de la corvée qui es attendait mais elle n'avait eu le droit de les accompagner qu'à l'adolescence. Vous n'êtes pas sans savoir que Delesia a reçu une éducation parfaite, ce qui ne l'a jamais empêchée de penser. Cependant, règles de bienséance obligent, elle a toujours été plus que correcte lors de ces diners. Pourtant, cela lui était de plus en plus difficile, vu l'actuel contexte du monde magique. Fréquenter d'anciens malfrats reconnus, des gens qu'elle aurait pu arrêter et faire emprisonner, fut un temps.
Mais cette époque lui semblait lointaine et pour maintenir sa réputation -et celle de sa famille- elle devait se présenter à ce genre de réceptions et y faire bonne figure. Elle restait une sang pur et, bien qu'elle fut Auror et qu'elle représentait de ce fait une certaine menace envers l'actuel gouvernement, il aurait été fort déplacé de ne pas se présenter. Et même plus que cela, elle et sa famille seraient alors considérées comme des traitres à leur sang. Avec une grand-mère malade, une mère éplorée et une activité résistante à maintenir secrète, Delesia n'avait d'autre choix que de se montrer tous sourire à ceux qu'elle aurait volontiers emmené à Azkaban.

Elle s'était soigneusement préparé. Dans ce genre de soirées, tout le monde se jauge et chaque infime détail était scruté à la loupe. L'erreur n'était pas permise. La soirée se déroulait au cœur de Londres, dans un hôtel particulier. L'hôte aimait le luxe mais il aimait encore plus le montrer. La demeure était outrageusement ... outrageuse. A peu près tout ce qui abhorrait Delesia était réuni sous ses yeux. Le luxe poussé à l'extrême, sans excentricité, juste de l'argent et du pouvoir à foison.
Cela lui rappelait à quel point les petits détails de sa vie d'avant lui manquaient. Avant, personne n'aurait trouvé acceptable que des agents de la BRIS servent de portiers lors d'une soirée huppée. Avant, personne n'aurait cautionné le fait que les employés ministériels se déplacent à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit pour empêcher que des Moldus n'aient l'occasion d'assister à une quelconque manifestation de la Magie. Il y avait un certain nombre de choses qui étaient complètement intolérables avant et auxquelles l'on pouvait assister chaque jour dorénavant.

Elle tenta de chasser ces idées sombres alors qu'elle entrait dans la sublime demeure, ôtant son manteau avant de le confier au majordome, laissant dévoiler sa tenue. Une magnifique robe noire, en couches de tulle et de soir rehaussée de délicats sequins. Comme toujours, Delesia savait se montrer parfaite.
La soirée était telle qu'elle se l'était imaginé. Un cocktail ou deux plus tard, elle éprouva l'irrépressible besoin de s'isoler un peu. Elle se retrouva au balcon, seule, à se demander ce qu'elle fichait ici -tout en sachant parfaitement pourquoi. Elle se demandait combien de temps elle se devait de rester avant qu'il ne soit pas mal prit qu'elle s'éclipse, quand quelqu'un la rejoignit dehors.
Ah. Mince.

Il poussa un soupir de soulagement. De l’air, enfin ! Il ne pouvait plus supporter la chaleur, les gens, les hypocrisies endémiques de ce genre de soirées… Il avança vers le balcon, puis il tituba. Dos à la rambarde, les yeux fermés, il essayait de se remémorer sa soirée. Cela faisait longtemps qu’il devait boire pour s’amuser à ce genre de soirées mondaines. Son père avait déjà jadis l’habitude de boire aux soirées auxquelles il se rendait. Alex ne l’avait vu que trop souvent rentrer saoul, en colère, pour une raison quelconque, parce qu’il le décidait, parce qu’il avait tellement brillé devant la société qu’il devait sortir sa part la plus noire pour retrouver l’équilibre. C’était dès lors difficile pour Alex d’imaginer une soirée autrement. Dès qu’il fut assez vieux pour boire de l’alcool à ce genre de soirée, il marcha dans les pas de son père. Et dès qu’il en eu prit l’habitude, il ne s’en défit jamais.
Les souvenirs remontèrent à la surface de son esprit.

Il se rappela de la sensation du transplanage, de l'impact contre le sol londonien, du flash douloureux des lampadaires. Il avait atterri à quelques pâtés de maison de la soirée, pourtant le trajet était flou dans sa tête, il passait directement de son atterrissage à son arrivée. L'homme qui surveillait les entrées l'avait reconnu et lui avait fait un signe de la tête. Alex l'avait toujours trouvé énervant.

Votre manteau monsieur ?

Ceci est une veste, poussez vous.

Aucun intérêt de donner son manteau, dans ce genre de soirée, personne ne danse, personne ne saute partout en levant les bras comme Alex le voyait faire dans les soirées moldues dans les « boites de nuit ». Aucun besoin d’enlever son manteau, hum ? Le Alex transpirant à grosses goutes du présent aurait bien frappé le Alex qui rentrait à la soirée d’il y a une heure. En entrant, il avait été tout de suite frappé par le "trop" de cette suite. Il ne savait pas ce qu’il entendait réellement en pensant ça, mais pour lui, c’était « trop ». Il ressentait que la pièce n’était pas naturelle, comme si la pièce elle-même se sentait forcée de participer à cette fête, comme si elle tentait de rejeter la décoration, l’ambiance, les gens.

Il avait tout de suite remarqué des connaissances de sa famille près du «bar » à droite de la salle. Il était allé à gauche. Une femme qu’il avait déjà vue sans se rappeler où l’avait arrêté et lui avait fait un compliment sur ses habits. Costume noir, classique, sans cravate, coupe jeune, moldu, ordinaire. Elle attendait juste un compliment un retour. Sa vanité l’avait tant énervé qu’il s'était contené de la fixer sans rien dire, jusqu’à ce qu’elle parte chercher des compliments ailleurs. Il s'était retrouvé à parler avec d'anciens amis, des personnes importantes, quelqu’un qui devait sans doute être de la famille de l’hôte… Il avait bu un whisky ici, une bière là… Il avait ensuite décidé d’arrêter une heure ou deux. Peut-être plus. La chaleur commençait à lui faire tourner la tête. Lorsque la musique s'était arrêtée, Alex avait compris qu’un discours allait commencer et il était sorti prendre l’air.

( ... )

La tête entre les mains, il entendit un bruit de pas, juste à coté, comme si quelqu’un faisait un quart de tour pour voir ce qui se passe à coté de lui. Il releva la tête et vit une femme très élégante, surement dans sa fin de vingtaine, habillée d’une belle robe noire. Il remarqua qu'elle était très bien préparée. Bien coiffée, bien habillée. Il était sur que si il se rapprochait, il remarquerait un parfum parfaitement dosé. Inconsciemment, il lui sourit et lui tendit la main.

Bonj… Soir. Il se racla la gorge. Bonsoir, Alex Livelihood.

Il la reconnut alors. Sawyer ? Un lointain souvenir, une auror, ou ancienne auror. Elle était incroyablement jolie, pas trop grande. Un joli brin de femme. Un peu éméché, Alex fit remarquer son visage assez froid. Un sourire aurait d'autant plus renforcé son charme indéniable.

Souriez, c’est une belle soirée, du moins, ici dehors. Il tendit un bras dramatique vers le ciel. Pas de lune. Hum. Bon ok, pas si belle que ça. Mais on fait aller, pas vrai ? Parfois faut laisser aller.

Il voulait se taire, mais il n’y arrivait pas. Il aimait parler, il se sentait intéressant, mais il savait qu'en ce moment, sous l'effet de l'alcool, ce n’était pas le cas. Il se tut, espérant qu’elle prenne la relève.

Alexander Wiliiam Livelihood.
Le clou de la soirée était là. Quoique ... Elle sentait qu'il s'était senti obligé de boire de l'alcool en grosse quantité pour oublier où il se trouvait, et rien que cela valait mention. Cet infime détail allait faire se tourner Delesia et entamer la conversation, ne serait-ce que pour le tourner en ridicule. Cette soirée allait peut-être rester dans les annales.
Elle connaissait bien Alex (il préférait qu'on l'appelle ainsi, encore un qui renie ses origines) pour avoir été à Poudlard en même temps que lui. De deux ans sont aîné, ils s'étaient donc côtoyés cinq longues années dans l'école de sorcellerie. En tant que Gryffondor elle était considérée comme ennemie des Serpentards, bien qu'elle ne participait pas personnellement à cette querelle vieille comme le monde et qui n'avait somme toute pas grand intérêt. Mais, comme vous le savez, Delesia aimait se renseigner sur les personnes de son entourage. Oui, à l'époque déjà elle n'était pas vraiment ce qu'elle semblait être. Tout cela pour dire que parmi les surprises de la soirée, Alex en était plutôt une bonne. Il était certes ivre, mais cela n'enlevait rien au charme de la soirée. Alors qu'il commençait doucement à neiger, elle répondit, de sa voix douce et quasi enchanteresse. Cette femme est une démone.

" Alex Livelihood. Bonsoir. Cela faisait longtemps. "

Qu'ils s'étaient adressé la parole. Puisqu'ils se croisaient à chaque mondanité mais qu'elle se débrouillait toujours pour parler au moins de monde possible. Elle lui avait offert un sourire, en partie à cause de la remarque du jeune homme. Elle n'appréciait pas qui'on trouve à redire sur son apparence, principalement quand elle s'était donné le mal d'être parfaite. Et même, exquise. Elle savait se montrer agréable, mais surtout lorsqu'on entame une conversation l'on se doit de sourire poliment. Ici, elle savait que son minois en avait fait tomber plus d'un et elle avait décidé d'en jouer. N'allez pas croire qu'elle pensait duper notre cher Alex ! Simplement se montrer courtoise quand on s'adressait à elle, même si elle rêvait secrètement de tous les expédier à Azkaban. Voilà pourquoi elle détestait tant venir ici.

Un discours se déroulait actuellement dans la salle (parce que tout cela n'avait en réalité pris que quelques infimes dixièmes de seconde) et elle l'écouta d'une oreille, mais en continuant gentiment à converser avec Alex. Sans pour autant accepter le moindre contact physique ni suivre son regard alentour.

" Ainsi, quelles nouvelles de ton univers ? "

Oui, ils avaient des univers distincts. Il vivait dans le manoir familial et elle était surveillée par la Ministère qui la considérait comme une menace (alors qu'elle n'était rien d'autre qu'une gentille apothicaire qui prenait soin de sa grand-mère malade ). Ce n'était là qu'une formule de politesse pour se montrer agréable et continuer la conversation sur un sujet autre que l'inutilité de telles soirées où l'hypocrisie est reine.

Qu'on connaisse son nom ne l'étonnait plus tellement, car même s'il tentait le plus possible d'éviter les sorties mondaines ou les sorties tout court, il restait un jeune sorcier riche et de sang pur. Mais, " cela faisait longtemps " implique qu'on ai déjà parlé avec son interlocuteur actuel. Il ne l'avait pas reconnue, mais elle l'avait fait sans problème. Il se rappelait l'avoir vue. Sawyer, Sawyer.. Delesia. Il la connaissait mieux sous son prénom, elle avait été avec lui à Poudlard, mais étant de deux ans sa cadette, et en plus, une gryffondor, ils n'avaient jamais été amis et ne s'étaient sans doute parlé qu'une fois ou deux.
Après cette réflexion rapide, il s'était contenté de sourire de façon amène, naturelle, comme si il était vraiment content de la revoir. Et il se demandait si ce n'était pas vraiment le cas.

Delesia ! Cela faisait, en effet très longtemps !

Il pensa " qu'on ne s'était plus adressé la parole ", sans savoir qu'elle en avait fait de même, quelques instants auparavant. Il était vrai qu'ils ne s'étaient plus parlé depuis bien longtemps, si longtemps qu'il ne savait même plus quand cette dernière fois avait eu lieu. Par contre, il s'étaient encore vus récemment, à une " fête " chez un " ami commun ". Il se rappelait l'y avoir vue, très élégante et bien habillée, comme d'habitude, et il regretta quelque peu d'avoir fait une remarque sur son sourire qu'elle avait surement mal prise. Elle pouvait ne pas sourire pour de nombreuses raisons, et sa présence en était peut-être une. A cette pensée, il se sentit soudainement bizarrement honteux, comme si il n'avait rien à faire là, et il se demanda si il la dérangeait, mais il préféra chasser cette triste idée de ses pensées.

Des nouvelles de mon univers ? Il n'y en a pas beaucoup à donner vois-tu. Je suis retourné au manoir après quelques temps à l'étranger, mais ce n'est pas très intéressant je le crains... Mais ça l'est peut-être un peu plus que la vie de certaines personnes ici... Il sourit. Et toi, comment vas-tu ?

Le tutoiement venait au départ d'elle, mais il lui aurait semblé bizarre de vouvoyer quelqu'un qu'il connaissait depuis longtemps, amie ou pas. D'autant qu'il se sentait étrangement bien ici, mais la compagnie d'une si jolie femme était toujours très agréable. Il ne pouvait que trop bien savoir que ce n'était que du charme " gratuit ", mais ce n'était pas une raison pour ne pas l'apprécier. D'autant que même si il arrivait toujours, à sa grande surprise, à s'exprimer correctement, l'alcool ne l'aidait pas à se défendre face à une telle femme.